La mémoire culturelle Ecriture,souvenir et imaginaire politique dans les civilisations antiques
Par: ASSMANN,J.
Type Document : Ouvrage Editeur: Paris Flammarion 2010Description Matérielle: couv.ill.en coul.ISBN: 978-2-7007-2361-8.Mots Clés: Civilisation antique,Egypte,hittites,Mésopotamie,Israël,gerceRésumé: L’auteur aborde la mémoire culturelle sous trois thèmes principaux : le souvenir ou rapport au passé, l’identité ou imagination politique, et la continuité culturelle ou formation d’une tradition. Il considère qu’il y a dans toute culture une structure connective (connective Struktur) qui crée « du lien dans deux dimensions temporelles et sociales » ; une telle structure, portée par la mémoire culturelle, lie le sujet à un nous, ce dernier reposant sur « des règles et des valeurs communes et sur le souvenir d’un passé habité en commun ». Toute structure connective a pour principe fondamental la répétition, mais celle-ci peut s’organiser selon une continuité rituelle ou une continuité textuelle, la première fondée sur l’imitation et la conservation, la seconde sur l’exégèse et le souvenir. Assmann résume de manière tranchante un développement social, affirmant qu’à la liturgie succède l’herméneutique. Les sociétés forment des images de soi et des identités par le biais d’une culture de la mémoire, mais elles le font selon des modes très différents et c’est à ces manières de faire que seront consacrées les études de cas portant sur l’Égypte ancienne, la Mésopotamie, les Hittites, Israël et la Grèce. Ces exemples visent à souligner les relations entre mémoire collective, écriture et identité, comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage. Que recouvre ce terme de mémoire culturelle ? Ce sont d’abord les cadres sociaux et culturels de la mémoire, qui assurent la transmission du sens, mais qui ne sont qu’un des quatre grands domaines de la mémoire externe, car il faut aussi prendre en compte la mémoire imitative, la mémoire des objets et la mémoire communicationnelle ou encore interactionnelle. Dès que ces trois dernières s’éloignent de leur fonctionnalité immédiate, l’imitation se transforme en rite, les objets sont chargés de sens, la communication (et c’est un objet du livre) y participe également, elles entrent alors plus ou moins dans l’orbe de la mémoire culturelle. 3La mémoire culturelle joue un rôle dans toute situation distendue qui implique des possibilités d’enregistrement de messages et de données qui passent par des systèmes de notation d’abord pré-scripturaires, avant de trouver un ancrage dans l’écriture, par des corps de personnes qui se consacrent à cette tâche et, in fine, par une organisation institutionnelle de ces pratiques. Comme pré-scripturaire elle reste très liée au groupe et à la communication directe ; ce n’est qu’avec la fixation de l’écrit que le sens transmis peut dépasser largement les limites du groupe. La mémoire culturelle est un phénomène spécifique qui articule tradition, conscience historique, définition de soi ; elle est liée aux supports à qui l’on n’accordera néanmoins pas de détermination univoque de ses contenus et modifications. Cette mémoire a comme caractéristique d’autoriser le retour du non-contemporain dans le contemporain, mais ce retour ne prend pas les mêmes formes ni ne produit les mêmes conséquences.Sommaire:Type de document | Site actuel | Cote | Statut | Date de retour prévue | Code à barres |
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L’auteur aborde la mémoire culturelle sous trois thèmes principaux : le souvenir ou rapport au passé, l’identité ou imagination politique, et la continuité culturelle ou formation d’une tradition. Il considère qu’il y a dans toute culture une structure connective (connective Struktur) qui crée « du lien dans deux dimensions temporelles et sociales » ; une telle structure, portée par la mémoire culturelle, lie le sujet à un nous, ce dernier reposant sur « des règles et des valeurs communes et sur le souvenir d’un passé habité en commun ». Toute structure connective a pour principe fondamental la répétition, mais celle-ci peut s’organiser selon une continuité rituelle ou une continuité textuelle, la première fondée sur l’imitation et la conservation, la seconde sur l’exégèse et le souvenir. Assmann résume de manière tranchante un développement social, affirmant qu’à la liturgie succède l’herméneutique. Les sociétés forment des images de soi et des identités par le biais d’une culture de la mémoire, mais elles le font selon des modes très différents et c’est à ces manières de faire que seront consacrées les études de cas portant sur l’Égypte ancienne, la Mésopotamie, les Hittites, Israël et la Grèce. Ces exemples visent à souligner les relations entre mémoire collective, écriture et identité, comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage. Que recouvre ce terme de mémoire culturelle ? Ce sont d’abord les cadres sociaux et culturels de la mémoire, qui assurent la transmission du sens, mais qui ne sont qu’un des quatre grands domaines de la mémoire externe, car il faut aussi prendre en compte la mémoire imitative, la mémoire des objets et la mémoire communicationnelle ou encore interactionnelle. Dès que ces trois dernières s’éloignent de leur fonctionnalité immédiate, l’imitation se transforme en rite, les objets sont chargés de sens, la communication (et c’est un objet du livre) y participe également, elles entrent alors plus ou moins dans l’orbe de la mémoire culturelle.
3La mémoire culturelle joue un rôle dans toute situation distendue qui implique des possibilités d’enregistrement de messages et de données qui passent par des systèmes de notation d’abord pré-scripturaires, avant de trouver un ancrage dans l’écriture, par des corps de personnes qui se consacrent à cette tâche et, in fine, par une organisation institutionnelle de ces pratiques. Comme pré-scripturaire elle reste très liée au groupe et à la communication directe ; ce n’est qu’avec la fixation de l’écrit que le sens transmis peut dépasser largement les limites du groupe. La mémoire culturelle est un phénomène spécifique qui articule tradition, conscience historique, définition de soi ; elle est liée aux supports à qui l’on n’accordera néanmoins pas de détermination univoque de ses contenus et modifications. Cette mémoire a comme caractéristique d’autoriser le retour du non-contemporain dans le contemporain, mais ce retour ne prend pas les mêmes formes ni ne produit les mêmes conséquences.