Bibliogr. p. 215-230. Notes bibliogr.

Après quinze années de guerre civile et dans un climat politique très instable, Beyrouth, entre ruines et chantiers, s'est renouvelé dans un mouvement effréné qui échappe au consensus. La métropole libanaise, palimpseste où affleurent de multiples strates d'urbanisation, a été et reste le champ d'une opposition farouche entre, d'un côté, partisans de l'effacement des traces d'un passé violent et, de l'autre, défenseurs de la cause patrimoniale. Mais dans cet espace urbain complexe, comment identifier ce qui relève du patrimoine ? Loin d'être univoque, cette notion fait ici l'objet d'un état des lieux, dans l'histoire récente et à travers le prisme des différents protagonistes de la cité. De l'urbaniste au citadin ordinaire, chacun dessine une conception singulière du passé dans le paysage de la ville. Dès lors, des enjeux de tous ordres surgissent et se heurtent. Les ambitions politiques ou spéculatives rivalisent avec les stratégies de promotions ou de défense d'un capital culturel et symbolique. Ainsi, bien plus que des traces comme témoignage d'une douloureuse période historique, les îlots ruinés de Beyrouth révèlent les conflits irrésolus qui secouent toujours la société libanaise
Première partie : Instituer le patrimoine au centre ville et dans les quartiers péricentraux
Chapitre I : Recompositions urbaines et patrimonialisation
De la vielle ville au centre ville
Le « patrimoine » à l’époque ottomane
La loi sur les antiquités de 1933
L’émergence d’un « patrimoine architectural » après l’indépendance : signe de modernité ?
Du centre ville à « Solidere »
Le « patrimoine urbain » comme catalyseur d’une opposition au projet de reconstruction
Monumentalisation et réconciliation nationale : les thermes romains et le jardin du pardon
Une « vision »
Réinterpréter l’histoire locale
Le spectacle des ruines
Un « circuit patrimonial »
L’archéologisation du présent
Chapitre II : Mobilisation en faveur du « patrimoine » dans les quartiers péricentraux
Patrimonialiser des biens privés
Naissance et renaissance de l’APSAD
Des inventaires successifs
Les critères de la définition du patrimoine
Le « cas » Bachoura
Le patrimoine « au pied du mur »
Chapitre III : Au musée ! La ville et ses mémoires…
Un immeuble de rapport
Un patrimoine en partage ?
L’immeuble comme trace, enveloppe et structure
Imaginer un musée de la mémoire
Deuxième partie : Temporalités urbaines, régimes de la patrimonialisation
Chapitre IV : L’événement comme espace de requalification patrimoniale
L’assassinat de Rafic Hariri
L’expropriation, un autre événement fondateur
Chapitre V : Destins d’immeubles
Le City Center
La tour Murr
Khandaq al-Ghamiq : des patrimoines familiers
Les cycles de la vie d’un quartier
Se souvenir
Khandaq al-Ghamiq, quartier connecté ?
Bibliographie