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École Polytechnique d'Architecture et d'Urbanisme - EPAU

« Le Moudjahid Hocine Ait Ahmed »

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Ville nature 1 vol

Par: LABOURDETTE, Marie-Christine [Dir de pub].
Contributor(s): RAMBERT, Francis [Réd en chef ].
Type Document : Revue / Périodique
Editeur: Paris Cité de l'architecture et du patrimoine 2019Description Matérielle: 128 p couv.ill.en .coul 24cm.ISSN: 07685785. In: ArchiscopieRésumé: Le sujet de la ville-nature, avec son cortège de bâtiments végétalisés, revient en boucle au moindre épisode caniculaire. La priorité absolue est la lutte contre le réchauffement climatique et les “îlots de chaleur” qui rendent nos métropoles irrespirables. Les exemples asiatiques, à l’image des édifices “verts” de Ken Yeang en Malaisie, apparaîtraient comme des pistes à suivre. L’heure n’est plus tant aux perspectives, tracés et parcs conceptuels qu’aux forêts urbaines, corridors verts et autres axes écologiques… La Ville de Bordeaux, par exemple, a décidé de replanter 20 000 arbres d’ici 2025 et Grenoble a commencé à planter en masse : 15 000 arbres à l’horizon 2030. Ces stratégies de refroidissement croisent celles de la production agricole et maraîchère. On se souvient qu’Ildefons Cerdà, le père de la Barcelone moderne, avait préconisé en son temps, dans sa théorie sur l’urbanisation, de “ruraliser la ville”. Un siècle et demi après, la question de l’agriculture urbaine est venue effectivement s’inviter dans le débat sur la métropole contemporaine. Le potager dépasse aujourd’hui la seule configuration du jardin ouvrier ; il occupe les esprits et les toits de la ville et bientôt jusqu’à celui de la tour Montparnasse. Les artistes ont souvent une longueur d’avance. Robert Smithson, le pape du Land Art, avait imaginé en 1970 Floating Island, un morceau de nature sur une barge. Le projet poétique a pris forme plus tard lorsqu’un remorqueur a mis ce paysage en mouvement sur l’Hudson. Dans son sillage, une autre artiste, Mary Mattingly, a lancé “Swale” en 2016, un projet participatif pour un grand potager flottant, toujours à New York. En France, Patrick Blanc, militant de la biodiversité, a exploré depuis longtemps cette voie verte en ville avec une série de murs végétaux, opportunités d’exceptionnelles collaborations avec Jean Nouvel à Paris ou Herzog & de Meuron à Madrid. Et l’un des meilleurs exemples de nature “sauvage” est conservé à Paris, au cœur de la Bibliothèque nationale de France : c’est le fruit d’une greffe ambitieuse réalisée par Dominique Perrault et qui tient depuis un quart de siècle. Après son iconique Bosco Verticale à Milan, Stefano Boeri poursuit une expérimentation en matière climatique avec “Fiume verde”, réflexion sur la requalification urbaine par reforestation à l’échelle d’un territoire de 45 km. En attendant la mise en application de ce projet, la capitale lombarde a opté pour le nouveau projet de l’OMA (avec Laboratorio Permanente) pour la reconversion de deux friches ferroviaires, qui donneront naissance à deux parcs conçus comme des “filtres écologiques”. Les lieux de mobilité se révèlent ainsi propices aux retournements de situation ; déjà en 2011, Madrid avait lancé un signal fort en enterrant une autoroute afin d’engager la reconquête des berges de la rivière Manzanares avec la réalisation d’un grand parc de 429 hectares. Aujourd’hui, il faut regarder du côté de Taïwan où, sur les traces du célèbre aéroport de Tempelhof de Berlin, un terrain d’aviation désaffecté à Taichung a été transformé en parc écologique par Philippe Rahm et Catherine Mosbach. Dans ce Central Park oriental, le public trouve une sorte de “musée du réchauffement climatique”. Signe des temps ! Francis RambertSommaire: SOMMAIRE LE THÈME --Ville nature, jungles urbaines par Nicolas Gilsoul Tandis que l’étalement urbain se propage, la figure de la forêt se profile dans l’imaginaire de la ville. Bois habité, forêt linéaire, lisière augmentée, entre nature résiliente et écologie urbaine, le discours cherche à calmer le jeu et des stratégies sont à l’œuvre en divers lieux de la planète. Entre véritable nature et fourrure verte, il faut faire la part des choses dans des métropoles promptes à se livrer à du greenwashing. Dans ce paysage, la ville de Copenhague se distingue par des expérimentations qui font bouger les lignes. --La relation ville-nature, de l’ère industrielle à la transition écologique par Jean-Pierre Le Dantec Ville-jardin, ville-campagne, cité-jardin, ville sur pilotis pour laisser filer le végétal… le rapport à la nature a changé en 150 ans. L’enjeu aujourd’hui est moins théorique et plus pragmatique : comment marcher, courir, circuler à vélo ou pratiquer un sport en plein air dans nos métropoles impactées par la pollution ? L’idée d’archipel vert urbain fait son chemin. --Regard sur la perspective inversée par Pierre-Louis Faloci Tout est une question de point de vue. En transformant, à partir de 1664, le jardin à l’italienne du palais des Tuileries, Le Nôtre avait ouvert une grande perspective, élargissant le champ de vision vers l’ouest de la capitale. Jusqu’au jour où, deux siècles plus tard, l’incendie de ce palais vient bousculer l’ordre des choses. Il ne restait plus à I. M. Pei qu’à s’emparer de “l’axe historique”. Au-delà de l’éloge de la question du vide, on peut lire une plaidoirie pour une écologie du regard. --La poursuite d’une histoire très ancienne par Michel Audouy Tandis que la ville de Sanaa, au Yémen, reste un modèle historique d’écoquartier avant l’heure, l’urgence écologique aujourd’hui nous amène à revoir la conception des villes. La tendance est ainsi aux “infrastructures vertes”, dont l’objectif est d’établir des continuités paysagères. On dépasse alors largement la notion d’agrément qui est associée aux parcs et jardins. --Les hortillonnages, un milieu généreux mais fragile par Christine Desmoulins Dans la vallée de la Somme, à Amiens, les hortillonnages témoignent de l’évolution séculaire d’un site agricole entre ville et canaux. Un territoire de jardins flottants, dont seuls trente hectares sont encore exploités par neuf maraîchers. Dans ce milieu en perpétuel mouvement modelé par l’évolution des activités humaines et économiques, rien n’est jamais figé. Le parc dessiné par Jacqueline Osty il y a une vingtaine d’années fait l’interface entre cet ensemble végétal unique et le quartier Saint-Leu. --Comme un sentiment d’antinomie par Catherine Pierre De son vivant, le paysagiste-jardinier Pascal Cribier, disparu à l’automne 2015, a toujours combattu la cosmétique verte appliquée à la ville et prôné le retour à une véritable nature en milieu urbain. Parmi ses dernières œuvres, l’aménagement pour le centre de recherches EDF construit par Francis Soler, pièce importante de la nouvelle ville qui se développe sur le plateau de Saclay, ou encore le jardin ouvert au cœur de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris, selon un scénario de Philippe Gazeau. --Des villes de plus en plus cultivées par Gabriel Ehret Tandis que Saint-Étienne met en culture des terrains rendus libres par la démolition d’immeubles vétustes, Grenoble propose à ses habitants de jardiner les rues. Et si les municipalités encouragent les pratiques en pleine terre, cela n’empêche pas l’expérimentation dans le domaine de l’agrobiologie et le développement de fermes verticales dans le Grand Lyon. Préserver les espaces naturels et agricoles en zone périurbaine, tel est l’objectif que les métropoles rhônalpines se sont avant tout fixé. --Chirchiq, une Broadacre City version soviétique ? par Fabien Bellat À l’ouest comme à l’est, l’année 1935 est placée sous le signe de l’utopie. Georgi Orlov, élève des frères Vesnine, conçoit alors un projet visionnaire pour une ville nouvelle d’environ 80 000 habitants en Ouzbékistan. À 20 km de Tachkent se profile Chirchiq, une cité moderne inscrite dans la topographie. Mais, au regard de la pénurie de matériaux usinés, le réalisme économique est venu calmer les ambitions. Il était temps pour l’architecte de s’inspirer de l’architecture vernaculaire, quitte à remplacer la terre crue habituellement utilisée par du mâchefer. --Sets et serres, un jeu en finesse par Jean-François Pousse Au cœur d’un paysage botanique, la nouvelle arène sportive qui complète le complexe de Roland-Garros à Paris a tout de suite conquis son public de joueurs et d’amateurs de tennis lors des derniers Internationaux de France. Gagné de haute lutte après une polémique malvenue, le court Simonne-Mathieu, dessiné par Marc Mimram, inaugure une nouvelle typologie de stade. --La nature en ville. Fictions et réalités depuis 1925 par Christine Carboni -L'ENTRETIEN -PATRICK BLANC “Il faut toujours voir ce que cela donne dans le temps” Propos recueillis par Francis Rambert Botaniste, et non paysagiste, il revendique une approche scientifique et esthétique. Chercheur au CNRS depuis 1982, Patrick Blanc dépose son premier brevet pour un mur végétal en 1988. Le festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire, en 1994, le fait ensuite connaître au delà du milieu de la recherche. Et si le mur végétal le plus connu à Paris reste la façade du musée du quai Branly, dans un raccord inattendu avec l’architecture haussmannienne, l’œuvre la plus spectaculaire s’inscrit dans le projet de la CaixaForum réalisé par Herzog & de Meuron au cœur de Madrid. Basée sur une connaissance du monde végétal en sous-bois, sa démarche l’a conduit à produire une œuvre in situ des plus vivantes. Ainsi conjugue-t-il une culture de l’immédiateté avec un objectif de pérennité. L'ESPACE CRITIQUE --Tendance Familière et inquiétante, la salle de bain par Richard Scoffier Un lavabo avec une brosse à dents et un tube de dentifrice, une baignoire avec du linge étendu au-dessus, une machine à laver, un miroir - parfois le seul de la maison -, des serviettes humides, des descentes d’eau, des placards qui regorgent de médicaments oubliés, de flacons de parfum vides, de linge sale… Qu’est-ce donc qu’une salle de bain ? --Retour vers le futur rue Victor Schoelcher par François Lamarre Toute reconversion d’un bâtiment est un tour de force. En conserver la façade est une contrainte supplémentaire rarement imposée. Qui d’autre que son auteur d’origine pour s’acquitter de la tâche ? À Paris, dans le 14e arrondissement, Alain Sarfati passe des bureaux aux logements sociaux sous une même robe blanche refaite à neuf et pare les façades sur cour d’écailles brillantes pour répercuter la lumière dans tous les logements. --La trace d’un certain brutalisme par Christine Desmoulins L’architecture des années 1970 n’est pas morte. Quarante-cinq ans après sa construction par Claude Parent et André Remondet, l’ancien siège parisien de la Direction régionale de l’action sanitaire et sociale vient de connaître une transformation essentielle derrière sa façade dentée, gardée quasi intacte. Exit les bureaux, sa mutation en logements a été subtilement assurée par l’équipe Canal, qui n’en est pas à sa première opération de transition. --Quand la tour se fait arbre par Phillippe Trétiack À Montpellier, place Christophe Colomb, s’élève désormais l’Arbre blanc, un immeuble de 113 logements planté au bord du Lez. Nouvel exercice de végétalisation de l’architecture ? Plutôt une quête de dilatation des appartements vers l’extérieur. Ainsi les terrasses offrent-elles un prolongement inédit. Au risque d’une promiscuité subie ? --La BIG arche de Bordeaux par Francis Rambert En bord de Garonne, à deux pas de la gare Saint-Jean, la Méca, Maison de l’économie créative et de la culture, a pris stratégiquement place. Un nouvel équipement culturel regroupant trois institutions vient ainsi dynamiser un quartier en pleine reconquête, à la frontière de Bordeaux et de Bègles. Générateur d’espace public, le bâtiment répond à un concept compact et efficace mis au point par l’agence danoise BIG avec le trio de Freaks dans une unité de matière : le béton. --L’histoire de la construction, au carrefour de la recherche par Guy Lambert L’histoire de la construction connaît aujourd’hui un dynamisme d’ampleur internationale, impulsé depuis le début des années 2000 par la tenue régulière de congrès, la multiplication d’associations et le développement de l’enseignement. Le lancement en 2017 d’une revue multilingue spécialisée et la parution en 2018 d’un épais ouvrage dressant un panorama européen des travaux en la matière donnent l’occasion d’en faire un état des lieux. • Ædificare. Revue internationale d’histoire de la construction. Revue publiée par Classiques Garnier. • Antonio Becchi, Robert Carvais, Joël Sakarovitch (dir.), L’Histoire de la construction. Relevé d’un chantier européen / Construction History. Survey of a European Building Site, coll. Histoire des techniques, Classiques Garnier, 2018, --Vie et mort de la Terre, survie du déchet urbain par Rémi Guinard Tous les jours, les images de la planète nous accablent. Au-delà du constat déprimant, c’est le décryptage de la course au développement sur deux siècles qui est proposé dans le film de Jean-Robert Viallet. Parallèlement, un autre documentaire, conçu lui comme une enquête par Marielle Gros et Bruno Jourdan, analyse les conséquences de la production de déchets à l’échelle métropolitaine. Vous avez dit écologiquement responsable ? • L’homme a mangé la Terre, documentaire de Jean-Robert Viallet (France, 2019, coprod. Cinéphage, MUCEM, et al., 100 min). • L’Épopée du déchet, documentaire de Marielle Gros et Bruno Jourdan (France, 2018, coprod. Image de ville, et al., 54 min). Enseignement Le projet par la recherche, la recherche par le projet par Mathieu Mercuriali Archiscopie poursuit son panorama de l’enseignement de l’architecture à l’heure des grandes transitions. Après Montpellier, zoom sur Paris-Malaquais avec la pédagogie conçue par Mathieu Mercuriali. Architecte, docteur en architecture (EPFL), chercheur au LIAT (Laboratoire infrastructure, architecture, territoire), maître de conférences associé, il s’intéresse particulièrement à la grande échelle. L’ouvrage Concevoir à grande échelle (éditions B42, 2018) présente ses travaux de recherche sur la complexité des processus de transformation métropolitains en lien avec la mobilité.
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juillet 2019

SOMMAIRE


LE THÈME

--Ville nature, jungles urbaines
par Nicolas Gilsoul
Tandis que l’étalement urbain se propage, la figure de la forêt se profile dans l’imaginaire de la ville. Bois habité, forêt linéaire, lisière augmentée, entre nature résiliente et écologie urbaine, le discours cherche à calmer le jeu et des stratégies sont à l’œuvre en divers lieux de la planète. Entre véritable nature et fourrure verte, il faut faire la part des choses dans des métropoles promptes à se livrer à du greenwashing. Dans ce paysage, la ville de Copenhague se distingue par des expérimentations qui font bouger les lignes.

--La relation ville-nature, de l’ère industrielle à la transition écologique
par Jean-Pierre Le Dantec
Ville-jardin, ville-campagne, cité-jardin, ville sur pilotis pour laisser filer le végétal… le rapport à la nature a changé en 150 ans. L’enjeu aujourd’hui est moins théorique et plus pragmatique : comment marcher, courir, circuler à vélo ou pratiquer un sport en plein air dans nos métropoles impactées par la pollution ? L’idée d’archipel vert urbain fait son chemin.

--Regard sur la perspective inversée
par Pierre-Louis Faloci
Tout est une question de point de vue. En transformant, à partir de 1664, le jardin à l’italienne du palais des Tuileries, Le Nôtre avait ouvert une grande perspective, élargissant le champ de vision vers l’ouest de la capitale. Jusqu’au jour où, deux siècles plus tard, l’incendie de ce palais vient bousculer l’ordre des choses. Il ne restait plus à I. M. Pei qu’à s’emparer de “l’axe historique”. Au-delà de l’éloge de la question du vide, on peut lire une plaidoirie pour une écologie du regard.

--La poursuite d’une histoire très ancienne
par Michel Audouy
Tandis que la ville de Sanaa, au Yémen, reste un modèle historique d’écoquartier avant l’heure, l’urgence écologique aujourd’hui nous amène à revoir la conception des villes. La tendance est ainsi aux “infrastructures vertes”, dont l’objectif est d’établir des continuités paysagères. On dépasse alors largement la notion d’agrément qui est associée aux parcs et jardins.

--Les hortillonnages, un milieu généreux mais fragile
par Christine Desmoulins
Dans la vallée de la Somme, à Amiens, les hortillonnages témoignent de l’évolution séculaire d’un site agricole entre ville et canaux. Un territoire de jardins flottants, dont seuls trente hectares sont encore exploités par neuf maraîchers. Dans ce milieu en perpétuel mouvement modelé par l’évolution des activités humaines et économiques, rien n’est jamais figé. Le parc dessiné par Jacqueline Osty il y a une vingtaine d’années fait l’interface entre cet ensemble végétal unique et le quartier Saint-Leu.

--Comme un sentiment d’antinomie
par Catherine Pierre
De son vivant, le paysagiste-jardinier Pascal Cribier, disparu à l’automne 2015, a toujours combattu la cosmétique verte appliquée à la ville et prôné le retour à une véritable nature en milieu urbain. Parmi ses dernières œuvres, l’aménagement pour le centre de recherches EDF construit par Francis Soler, pièce importante de la nouvelle ville qui se développe sur le plateau de Saclay, ou encore le jardin ouvert au cœur de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris, selon un scénario de Philippe Gazeau.

--Des villes de plus en plus cultivées
par Gabriel Ehret
Tandis que Saint-Étienne met en culture des terrains rendus libres par la démolition d’immeubles vétustes, Grenoble propose à ses habitants de jardiner les rues. Et si les municipalités encouragent les pratiques en pleine terre, cela n’empêche pas l’expérimentation dans le domaine de l’agrobiologie et le développement de fermes verticales dans le Grand Lyon. Préserver les espaces naturels et agricoles en zone périurbaine, tel est l’objectif que les métropoles rhônalpines se sont avant tout fixé.

--Chirchiq, une Broadacre City version soviétique ?
par Fabien Bellat
À l’ouest comme à l’est, l’année 1935 est placée sous le signe de l’utopie. Georgi Orlov, élève des frères Vesnine, conçoit alors un projet visionnaire pour une ville nouvelle d’environ 80 000 habitants en Ouzbékistan. À 20 km de Tachkent se profile Chirchiq, une cité moderne inscrite dans la topographie. Mais, au regard de la pénurie de matériaux usinés, le réalisme économique est venu calmer les ambitions. Il était temps pour l’architecte de s’inspirer de l’architecture vernaculaire, quitte à remplacer la terre crue habituellement utilisée par du mâchefer.

--Sets et serres, un jeu en finesse
par Jean-François Pousse
Au cœur d’un paysage botanique, la nouvelle arène sportive qui complète le complexe de Roland-Garros à Paris a tout de suite conquis son public de joueurs et d’amateurs de tennis lors des derniers Internationaux de France. Gagné de haute lutte après une polémique malvenue, le court Simonne-Mathieu, dessiné par Marc Mimram, inaugure une nouvelle typologie de stade.

--La nature en ville. Fictions et réalités depuis 1925
par Christine Carboni



-L'ENTRETIEN



-PATRICK BLANC
“Il faut toujours voir ce que cela donne dans le temps”
Propos recueillis par Francis Rambert
Botaniste, et non paysagiste, il revendique une approche scientifique et esthétique. Chercheur au CNRS depuis 1982, Patrick Blanc dépose son premier brevet pour un mur végétal en 1988. Le festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire, en 1994, le fait ensuite connaître au delà du milieu de la recherche. Et si le mur végétal le plus connu à Paris reste la façade du musée du quai Branly, dans un raccord inattendu avec l’architecture haussmannienne, l’œuvre la plus spectaculaire s’inscrit dans le projet de la CaixaForum réalisé par Herzog & de Meuron au cœur de Madrid. Basée sur une connaissance du monde végétal en sous-bois, sa démarche l’a conduit à produire une œuvre in situ des plus vivantes. Ainsi conjugue-t-il une culture de l’immédiateté avec un objectif de pérennité.



L'ESPACE CRITIQUE


--Tendance
Familière et inquiétante, la salle de bain
par Richard Scoffier
Un lavabo avec une brosse à dents et un tube de dentifrice, une baignoire avec du linge étendu au-dessus, une machine à laver, un miroir - parfois le seul de la maison -, des serviettes humides, des descentes d’eau, des placards qui regorgent de médicaments oubliés, de flacons de parfum vides, de linge sale… Qu’est-ce donc qu’une salle de bain ?

--Retour vers le futur rue Victor Schoelcher
par François Lamarre
Toute reconversion d’un bâtiment est un tour de force. En conserver la façade est une contrainte supplémentaire rarement imposée.
Qui d’autre que son auteur d’origine pour s’acquitter de la tâche ? À Paris, dans le 14e arrondissement, Alain Sarfati passe des bureaux aux logements sociaux sous une même robe blanche refaite à neuf et pare les façades sur cour d’écailles brillantes pour répercuter la lumière dans tous les logements.

--La trace d’un certain brutalisme
par Christine Desmoulins
L’architecture des années 1970 n’est pas morte. Quarante-cinq ans après sa construction par Claude Parent et André Remondet, l’ancien siège parisien de la Direction régionale de l’action sanitaire et sociale vient de connaître une transformation essentielle derrière sa façade dentée, gardée quasi intacte. Exit les bureaux, sa mutation en logements a été subtilement assurée par l’équipe Canal, qui n’en est pas à sa première opération de transition.

--Quand la tour se fait arbre
par Phillippe Trétiack
À Montpellier, place Christophe Colomb, s’élève désormais l’Arbre blanc, un immeuble de 113 logements planté au bord du Lez. Nouvel exercice de végétalisation de l’architecture ? Plutôt une quête de dilatation des appartements vers l’extérieur. Ainsi les terrasses offrent-elles un prolongement inédit. Au risque d’une promiscuité subie ?

--La BIG arche de Bordeaux
par Francis Rambert
En bord de Garonne, à deux pas de la gare Saint-Jean, la Méca, Maison de l’économie créative et de la culture, a pris stratégiquement place. Un nouvel équipement culturel regroupant trois institutions vient ainsi dynamiser un quartier en pleine reconquête, à la frontière de Bordeaux et de Bègles. Générateur d’espace public, le bâtiment répond à un concept compact et efficace mis au point par l’agence danoise BIG avec le trio de Freaks dans une unité de matière : le béton.

--L’histoire de la construction, au carrefour de la recherche
par Guy Lambert
L’histoire de la construction connaît aujourd’hui un dynamisme d’ampleur internationale, impulsé depuis le début des années 2000 par la tenue régulière de congrès, la multiplication d’associations et le développement de l’enseignement. Le lancement en 2017 d’une revue multilingue spécialisée et la parution en 2018 d’un épais ouvrage dressant un panorama européen des travaux en la matière donnent l’occasion d’en faire un état des lieux.
• Ædificare. Revue internationale d’histoire de la construction. Revue publiée par Classiques Garnier.
• Antonio Becchi, Robert Carvais, Joël Sakarovitch (dir.), L’Histoire de la construction. Relevé d’un chantier européen / Construction History. Survey of a European Building Site, coll. Histoire des techniques, Classiques Garnier, 2018,

--Vie et mort de la Terre, survie du déchet urbain
par Rémi Guinard
Tous les jours, les images de la planète nous accablent. Au-delà du constat déprimant, c’est le décryptage de la course au développement sur deux siècles qui est proposé dans le film de Jean-Robert Viallet. Parallèlement, un autre documentaire, conçu lui comme une enquête par Marielle Gros et Bruno Jourdan, analyse les conséquences de la production de déchets à l’échelle métropolitaine. Vous avez dit écologiquement responsable ?
• L’homme a mangé la Terre, documentaire de Jean-Robert Viallet (France, 2019, coprod. Cinéphage, MUCEM, et al., 100 min).
• L’Épopée du déchet, documentaire de Marielle Gros et Bruno Jourdan (France, 2018, coprod. Image de ville, et al., 54 min).

Enseignement
Le projet par la recherche, la recherche par le projet
par Mathieu Mercuriali
Archiscopie poursuit son panorama de l’enseignement de l’architecture à l’heure des grandes transitions. Après Montpellier, zoom sur
Paris-Malaquais avec la pédagogie conçue par Mathieu Mercuriali. Architecte, docteur en architecture (EPFL), chercheur au LIAT (Laboratoire infrastructure, architecture, territoire), maître de conférences associé, il s’intéresse particulièrement à la grande échelle. L’ouvrage Concevoir à grande échelle (éditions B42, 2018) présente ses travaux de recherche sur la complexité des processus de transformation métropolitains en lien avec la mobilité. Le sujet de la ville-nature, avec son cortège de bâtiments végétalisés, revient en boucle au moindre épisode caniculaire. La priorité absolue est la lutte contre le réchauffement climatique et les “îlots de chaleur” qui rendent nos métropoles irrespirables.

Les exemples asiatiques, à l’image des édifices “verts” de Ken Yeang en Malaisie, apparaîtraient comme des pistes à suivre. L’heure n’est plus tant aux perspectives, tracés et parcs conceptuels qu’aux forêts urbaines, corridors verts et autres axes écologiques… La Ville de Bordeaux, par exemple, a décidé de replanter 20 000 arbres d’ici 2025 et Grenoble a commencé à planter en masse : 15 000 arbres à l’horizon 2030.
Ces stratégies de refroidissement croisent celles de la production agricole et maraîchère. On se souvient qu’Ildefons Cerdà, le père de la Barcelone moderne, avait préconisé en son temps, dans sa théorie sur l’urbanisation, de “ruraliser la ville”. Un siècle et demi après, la question de l’agriculture urbaine est venue effectivement s’inviter dans le débat sur la métropole contemporaine. Le potager dépasse aujourd’hui la seule configuration du jardin ouvrier ; il occupe les esprits et les toits de la ville et bientôt jusqu’à celui de la tour Montparnasse.
Les artistes ont souvent une longueur d’avance. Robert Smithson, le pape du Land Art, avait imaginé en 1970 Floating Island, un morceau de nature sur une barge. Le projet poétique a pris forme plus tard lorsqu’un remorqueur a mis ce paysage en mouvement sur l’Hudson. Dans son sillage, une autre artiste, Mary Mattingly, a lancé “Swale” en 2016, un projet participatif pour un grand potager flottant, toujours à New York.
En France, Patrick Blanc, militant de la biodiversité, a exploré depuis longtemps cette voie verte en ville avec une série de murs végétaux, opportunités d’exceptionnelles collaborations avec Jean Nouvel à Paris ou Herzog & de Meuron à Madrid. Et l’un des meilleurs exemples de nature “sauvage” est conservé à Paris, au cœur de la Bibliothèque nationale de France : c’est le fruit d’une greffe ambitieuse réalisée par Dominique Perrault et qui tient depuis un quart de siècle.
Après son iconique Bosco Verticale à Milan, Stefano Boeri poursuit une expérimentation en matière climatique avec “Fiume verde”, réflexion sur la requalification urbaine par reforestation à l’échelle d’un territoire de 45 km. En attendant la mise en application de ce projet, la capitale lombarde a opté pour le nouveau projet de l’OMA (avec Laboratorio Permanente) pour la reconversion de deux friches ferroviaires, qui donneront naissance à deux parcs conçus comme des “filtres écologiques”. Les lieux de mobilité se révèlent ainsi propices aux retournements de situation ; déjà en 2011, Madrid avait lancé un signal fort en enterrant une autoroute afin d’engager la reconquête des berges de la rivière Manzanares avec la réalisation d’un grand parc de 429 hectares. Aujourd’hui, il faut regarder du côté de Taïwan où, sur les traces du célèbre aéroport de Tempelhof de Berlin, un terrain d’aviation désaffecté à Taichung a été transformé en parc écologique par Philippe Rahm et Catherine Mosbach. Dans ce Central Park oriental, le public trouve une sorte de “musée du réchauffement climatique”. Signe des temps !

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