Propriétaires, de père en fils ? Locataires de génération en génération ? Les positions résidentielles résultent de processus complexes où le transmis et l'acquis interviennent de façon différenciée dans les choix résidentiels. Aux déterminants classiques généralement invoqués dans l'analyse des stratégies résidentielles, viennent se joindre les effets de transmission entre générations, les effets d'alliance entre lignées qui, directement ou indirectement, infléchissent et orientent le choix du statut d'occupation, la localisation de l'habitat, la préférence pour le logement, individuel ou collectif. Par des canaux divers - ressources matérielles, transmissions d'attitudes, de savoir-faire et de dispositions -, par les héritages positifs, et négatifs accumulés au long de son histoire, par les expériences résidentielles et les références territoriales qui circulent de proche en proche, la parentèle contribue ainsi à élargir l'horizon des possibles, ou au contraire à le resserrer. Parce qu'elle réinscrit l'histoire résidentielle des ménages dans un contexte spatio- temporel plus large, cette approche intergénérationnelle permet de relativiser l'aspect proprement juridique du statut d'occupation par d'autres éléments d'appréciation de la résidence. Parce qu'elle invite à saisir comment vie familiale et projet résidentiel se donnent mutuellement sens, elle laisse apparaître, derrière la diffusion apparemment uniforme de la propriété, des itinéraires contrastés qui ne suivent pas seulement les courbes de solvabilité des ménages, mais épousent des logiques familiales, professionnelles et résidentielles spécifiques.