Santé La santé aux soins de la ville 1 vol
Par: LABOURDETTE, Marie-Christine [Dir de pub].
Contributor(s): RAMBERT, Francis [Réd en chef ].
Type Document : Revue / Périodique Editeur: Paris Cité de l'architecture et du patrimoine 2018Description Matérielle: 128 p couv.ill.en .coul 24 cm.ISSN: 07685785. In: ArchiscopieRésumé: Sommaire: La santé aux soins de la Ville - La création des CHU en 1958, ces centres hospitaliers et universitaires, avait déjà enclenché la reformulation des questions autour des lieux de santé. La typologie des “machines à soigner” était alors en jeu. Soixante ans plus tard, la réflexion a pris une autre dimension. Ouvrir l’hôpital sur la ville, c’était l’idée portée par le projet de Pierre Riboulet pour le grand équipement pédiatrique parisien ouvert en 1988. Aussi humaniste qu’urbaniste, l’architecte avait eu le soin de dépasser le fonctionnalisme induit par ce type de programme pour replacer notamment l’architecture au cœur de la question urbaine. L’hôpital Robert-Debré est ainsi un marqueur dans l’histoire de l’architecture au service de la santé. Lorsque Ibos & Vitart réalisent en 2004 la Maison de Solenn, face au Val-de-Grâce, ils s’inscrivent dans les pas de Riboulet tout en concevant un projet architectural qui colle au projet médical du professeur Rufo. S’offrant à la ville comme à la vie, l’architecture est ici symbole d’accueil et de réinsertion des adolescents en grande difficulté. Et la tendance à l’ouverture se confirme dans le 15e arrondissement avec le pôle mère-enfant Laennec réalisé par Philippe Gazeau en 2013, qui se place clairement dans cette stratégie de désenclavement. S’y ouvre ainsi, en ce printemps, un nouveau parc urbain, l’ultime œuvre de Pascal Cribier, un hectare et demi en pleine terre et en pleine ville. Aujourd’hui, les grands projets à l’œuvre sur la scène parisienne confirment que la question hospitalière est indissociable de la question urbaine. S’invite alors dans le débat le sujet du patrimoine, avec la mutation du célèbre Hôtel-Dieu, pièce du XIXe siècle au pied de Notre-Dame, et celle des sites de Beaujon, premier hôpital vertical des années 1930 en France, et de l’hôpital Bichat articulant socle et bloc dans les années 1970 ; deux transformations qui s’opèrent dans le cadre de leur regroupement au sein du futur “hôpital Nord” à Saint-Ouen. Hypercentralité et périphérie, nous sommes au cœur du débat du Grand Paris. Le patrimoine de la santé nous fait également sortir de Paris pour prendre de la hauteur, en Auvergne comme dans les Alpes. Là, les sanatoriums d’antan, modèles typologiques tournés vers le soleil du temps de l’hygiénisme, ne demandent qu’à trouver un avenir digne. L’un d’eux, à Clermont-Ferrand, a réussi une nouvelle vie dans sa transformation en école d’architecture. Francis Rambert L’hôpital malade de sa complexité par Sophie Trelcat Réduction du nombre de lits, développement de “l’ambulatoire”, course aux innovations techniques, réduction des déficits, l’hôpital est en pleine révolution. Sa relation aux territoires est au cœur du débat. Un nouveau paradigme architectural générique est à l’œuvre, où la flexibilité est le maître mot. L’allongement de la durée de vie quant à lui, avec son cortège de maladies dégénératives, amène au développement de programmes pour l’hébergement de personnes âgées dépendantes. Autant de situations qui posent la question cruciale du financement des équipements dans notre système de santé. De la nature sauvage au paysage thérapeutique par Susanne Stacher Si, au XVIIIe siècle, la notion de sublime a pu transformer notre lecture du paysage montagneux, souvent inquiétant, la dimension santé a envahi les territoires alpestres au XIXe. 1889, millésime de la tour Eiffel, est aussi l’année de l’ouverture du premier sanatorium en montagne, à Davos en Suisse. Une typologie architecturale qui inspirera à Thomas Mann son roman La Montagne magique. Héliotropisme et naturisme sont alors en vogue dans les Alpes germanophones, jusqu’aux rives des lacs italiens. Les Français ne seront pas en reste, avec les expérimentations du plateau d’Assy jusqu’au “solarium tournant” d’Aix-les-Bains. Les sanatoriums 1930, une typologie à l’agonie par Dominique Amouroux La maltraitance infligée au patrimoine du XXe siècle atteint son paroxysme avec les sanatoriums qui semblent concentrer toutes les difficultés : taille des constructions, disposition très spécialisée des espaces intérieurs, situation géographique le plus souvent excentrée, mémoire collective douloureuse. Ils constituent pourtant des icônes des progrès convergents de la médecine de masse et de l’architecture moderne et témoignent d’un moment de l’histoire d’un nombre considérable d’individus. Des lieux sains pour un corps sain par Catherine Clarisse La conception des lieux de vie a de multiples incidences sur la santé : infrastructures de transport, gestion de l’eau, traitement des déchets, matériaux et modes de construction, ensoleillement, protection contre le bruit et les ondes, mais aussi accès aux soins et aux services. Sans oublier une alimentation saine et une pratique sportive simple et régulière pour lutter notamment contre l’obésité. Comme le disait Charlotte Perriand : tout est lié. La psychiatrie dans le laboratoire de l’architecture par Donato Severo Sortie du schéma pavillonnaire du XIXe siècle, l’architecture hospitalière a beaucoup expérimenté au xxe siècle. Dans l’équation budgétaire à résoudre aujourd’hui, la modernisation des équipements de santé amène à reformuler une pensée croisant la triple question technique, spatiale et sociale. Dans ce contexte, un soin particulier est à apporter à l’architecture au service de la psychiatrie, dont l’Oms a diagnostiqué qu’elle couvrait la moitié des pathologies les plus importantes de notre monde contemporain. L’hôpital face à l’obsolescence par Christine Desmoulins Abandon ou reconversion ? L’Hôtel-Dieu, Bichat et Beaujon sont trois sites emblématiques des mutations en cours dans le domaine hospitalier à l’échelle du Grand Paris. Autant d’enjeux urbains et patrimoniaux. Dans ce débat entre obsolescence et efficience, c’est toute la configuration des grands équipements de santé qui se dessine. Le bâtiment commode, une déclinaison du “monospace” par François Lamarre S’affirmant par sa grande compacité, le bâtiment Gustave-Julliard, nouveau venu sur le site des Hôpitaux universitaires de Genève, n’impose pas pour autant un bloc massif en pleine ville. Supporté par un socle transparent, percé de loggias, l’équipement de 364 lits, fruit d’une collaboration franco-suisse, s’ouvre sur la ville et crée un espace public. Maison et dépendance par Jean-François Pousse La vieillesse ne saurait être une maladie, mais il faut l’accompagner. En Normandie, sur la petite commune d’Harcourt, une résidence EHPAD de 214 lits inscrit subtilement le mot “hospitalité” dans une architecture à structure bois pour mieux lutter contre la dépendance. Un projet à la fois unitaire et fragmenté, conçu par Brossy & associés. Une autre façon de voir ce qu’on appelait avant une “maison de retraite”, par une approche résolument humaniste. L'ENTRETIEN OLIVIER MONGIN “Avec la mondialisation, les flux sont plus forts que les lieux” propos recueillis par Francis Rambert Il ne fabrique pas la ville, il l’analyse. Essayiste, il est aussi urbaniste à sa manière. Olivier Mongin, qui a dirigé la revue Esprit pendant 24 ans, continue à s’interroger sur les ressorts de l’urbanité et de la démocratie. On avait vu l’auteur de Vers la troisième ville ? et de La Condition urbaine nous plonger d’un coup dans La Ville des flux en 2013. Il s’intéresse aujourd’hui au mouvement des villes face au rôle des États. Toujours fasciné par Rogelio Salmona, son modèle, il aime à replacer sur la scène contemporaine Leon Battista Alberti, figure humaniste de la Renaissance, afin de mieux comprendre les phénomènes d’aujourd’hui. L'ESPACE CRITIQUE Tendance Hérisson ou renard ? Retour sur une classification bancale et impertinente par Richard Scoffier Quels sont les architectes qui construisent pierre à pierre une stratégie éprouvée et efficace ? Et ceux qui, au contraire, restent en quête de nouvelles tactiques, de nouveaux modes opératoires, de nouveaux processus de création ? Il est temps de revisiter cette classification tirée d’un bestiaire littéraire qui pose autant de problèmes qu’elle en résout, mais qui permet un autre regard sur les démarches contemporaines… Tout juste par Philippe Trétiack Nouvelle localisation, nouvelle architecture. En quittant l’île de la Cité pour la porte de Clichy, le nouveau tribunal de grande instance de Paris a changé d’envergure. Il s’impose comme une tour métropolitaine de 160 mètres de hauteur accrochée au boulevard périphérique, en fond de perspective du parc Clichy-Batignolles. Une tour conçue par le Renzo Piano Building Workshop qui évite de faire bloc pour développer des terrasses plantées. L’idée maîtresse était d’ouvrir le tribunal sur la ville. Dès lors, un débat s’amorce : aéroport, hôpital, centre commercial ou palais de justice ? Les codes semblent cassés. • Tribunal de Paris, avenue de la Porte de Clichy, Paris 17e. Maîtrise d’œuvre : Renzo Piano Building Workshop (Bernard Plattner arch. chef de projet) ; Calendrier : concours fin 2011, livraison été 2017, ouverture avril 2018. Montant des travaux : 495 M€ TTC. À l’école de la reconquête par Francis Rambert À Barcelone comme à Bergen, le propos était pour Carme Pinós et Snøhetta d’installer une école d’art. Au-delà des différences architecturales et de la confrontation des matières, il y a là un dialogue Nord-Sud sur une même ligne : faire entrer la ville dans le bâtiment. Dans une ex-zone industrielle en Norvège ou dans un délaissé urbain en Espagne, l’enjeu était de participer à la transformation de la métropole. • Faculté d’art, de musique et de design (KMD), Møllendalsveien, Bergen. Maîtrise d’œuvre : agence Snøhetta. Surface : 14 800 m2. Calendrier : concours 2005, livraison 2017. Montant des travaux : 100 M€ (estimation 2015). • École d’art et de design Massana, Plaza de la Gardunya, Barcelone. Maîtrise d’œuvre : Estudio Carme Pinós. Surface : 11000 m2. Calendrier : concours 2006, livraison 2017. Montant des travaux (mobilier compris) : 11 M€. Bawa, le souffle de la tradition vernaculaire par Serge Santelli Après avoir commencé son parcours comme avocat, Geoffrey Bawa a bifurqué vers l’architecture. Formé à l’Architectural Association de Londres, celui qui est devenu une grande figure de la culture sri lankaise a très vite mis le cap sur le modernisme tropical. Son engagement pour une forme de régionalisme plaide alors pour une architecture du contexte. Une position qui a rayonné dans toute l’Asie du Sud-Est, où son œuvre fait référence. Nourris au lait de l’expérimentation par Jean-Pierre Le Dantec Évidemment provocatrice, passablement suggestive, l’irruption d’une “crèche sauvage” biomorphique dans l’enceinte de l’École des beaux-arts après 1968 reflète bien, à sa petite échelle naïve, l’air du temps avide de prospective. Expérimenter l’utopie in situ par René Dottelonde Pluridisciplinarité, autonomie, ouverture au public… C’est sur ces trois grands principes fixés par la loi Faure de novembre 1968 que sera lancé le projet d’une université expérimentale pour 8000 étudiants, dans le sillage des événements de Mai 68. René Dottelonde et Jean Prouvé vont alors concrétiser cette vision avant gardiste sur le site de Bron-Parilly, dans la périphérie est de Lyon. Les premiers étudiants feront leur rentrée en 1971 à “Lyon 2”, la faculté des lettres et sciences humaines. Retour sur une expérience unique et des conditions de fabrication assez épiques. Toute une époque ! Resserrer les liens entre école et agence ? par Guy Lambert À l’heure où la Cité de l’architecture et du patrimoine porte un regard appuyé sur l’époque 1968 avec une exposition et un colloque, tous deux sous l’angle de l’enseignement de l’architecture, plusieurs publications posent la question de la formation des architectes. Entre pédagogie et pratique, le débat est rouvert. Analyse. • Cahiers Ramau, n° 9, 2018, sous la dir. Claude Cohen et Laurent Devisme : “L’architecture et l’urbanisme. Au miroir des formations”. • Programme HEnsA20 • Jean-Philippe Garric, Marie-Laure Crosnier Leconte (dir.), L’École de Percier. Imaginer et bâtir le XIXe siècle, Paris, Mare & Martin, 2017. • Hélène Vacher, André Guillerme, L’Essor de l’École Eyrolles au XXe siècle. Technologies, professions et territoires, Paris, Classiques Garnier, 2017. • Tony Côme, L’Institut de l’environnement, une école décloisonnée. Urbanisme, architecture, design, communication, Paris, B42, 2017, Max Bill, le chercheur d’espace par Emmanuelle Graffin Architecte et designer, mais pas seulement. Passé par le Bauhaus, influencé par Klee et Kandinsky, l’artiste suisse s’est exprimé dans différents domaines complémentaires. Adepte de l’art concret et tenant d’une ligne minimale et économe, à l’image de l’école de design d’Ulm, dont il fut le concepteur et recteur, Max Bill a développé une pensée spatiale. Le livre de Roberto Fabbri nous donne les clés de lecture de cette œuvre couronnée par le Praemium Imperiale en 1993. • Roberto Fabbri, Max Bill. Espaces. coll. Archigraphy poche, Gollion, Infolio, 2017. En prise avec le réel par Vincent Borie Nous ne sommes pas là dans l’univers de la théorie sur l’architecture mais bien au cœur de la pratique de la discipline. L’ouvrage Profession architecte s’enfonce dans la jungle de l’environnement professionnel pour donner conseils et avis en ouvrant sur des sujets très pragmatiques, du mode d’exercice aux contrats en passant par la relation à la maîtrise d’ouvrage ou la stratégie économique du projet. Et si on parlait métier ? • Isabelle Chesneau (dir.), Profession architecte. Identité, responsabilité, contrats, règles, agence, économie, chantier, Paris, Eyrolles, 2018. Local versus global ? Deux documentaires en prise sur un contraste par Rémi Guinard D’aucuns diront que c’est le jour et la nuit. Deux films nous ouvrent la voie sur deux démarches antinomiques en Europe. Tandis que le cinéaste français Dominique Marchais s’intéresse à des solutions alternatives dans Nul homme n’est une île, le réalisateur danois Kaspar Astrup Schröder brosse, dans Big Time, le portrait d’une star internationale. Zoom sur l’architecture à toutes les échelles. • Nul homme n’est une île, documentaire de Dominique Marchais (France, 2017, 96 min). • Big Time. Dans la tête de Bjarke Ingels, documentaire de Kaspar Astrup Schröder, (Danemark, 2017, 93 min).Type de document | Site actuel | Cote | Statut | Notes | Date de retour prévue | Code à barres |
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la bibliographie : Monographies d'architectes, Monographies de bâtiments, Critique et théorie , Histoire et patrimoine, Paysage et jardin, Construction et Matériaux , Littérature et Arts
La santé aux soins de la Ville
- La création des CHU en 1958, ces centres hospitaliers et universitaires, avait déjà enclenché la reformulation des questions autour des lieux de santé. La typologie des “machines à soigner” était alors en jeu. Soixante ans plus tard, la réflexion a pris une autre dimension.
Ouvrir l’hôpital sur la ville, c’était l’idée portée par le projet de Pierre Riboulet pour le grand équipement pédiatrique parisien ouvert en 1988. Aussi humaniste qu’urbaniste, l’architecte avait eu le soin de dépasser le fonctionnalisme induit par ce type de programme pour replacer notamment l’architecture au cœur de la question urbaine. L’hôpital Robert-Debré est ainsi un marqueur dans l’histoire de l’architecture au service de la santé.
Lorsque Ibos & Vitart réalisent en 2004 la Maison de Solenn, face au Val-de-Grâce, ils s’inscrivent dans les pas de Riboulet tout en concevant un projet architectural qui colle au projet médical du professeur Rufo. S’offrant à la ville comme à la vie, l’architecture est ici symbole d’accueil et de réinsertion des adolescents en grande difficulté. Et la tendance à l’ouverture se confirme dans le 15e arrondissement avec le pôle mère-enfant Laennec réalisé par Philippe Gazeau en 2013, qui se place clairement dans cette stratégie de désenclavement. S’y ouvre ainsi, en ce printemps, un nouveau parc urbain, l’ultime œuvre de Pascal Cribier, un hectare et demi en pleine terre et en pleine ville.
Aujourd’hui, les grands projets à l’œuvre sur la scène parisienne confirment que la question hospitalière est indissociable de la question urbaine. S’invite alors dans le débat le sujet du patrimoine, avec la mutation du célèbre Hôtel-Dieu, pièce du XIXe siècle au pied de Notre-Dame, et celle des sites de Beaujon, premier hôpital vertical des années 1930 en France, et de l’hôpital Bichat articulant socle et bloc dans les années 1970 ; deux transformations qui s’opèrent dans le cadre de leur regroupement au sein du futur “hôpital Nord” à Saint-Ouen. Hypercentralité et périphérie, nous sommes au cœur du débat du Grand Paris.
Le patrimoine de la santé nous fait également sortir de Paris pour prendre de la hauteur, en Auvergne comme dans les Alpes. Là, les sanatoriums d’antan, modèles typologiques tournés vers le soleil du temps de l’hygiénisme, ne demandent qu’à trouver un avenir digne. L’un d’eux, à Clermont-Ferrand, a réussi une nouvelle vie dans sa transformation en école d’architecture.
Francis Rambert
L’hôpital malade de sa complexité
par Sophie Trelcat
Réduction du nombre de lits, développement de “l’ambulatoire”, course aux innovations techniques, réduction des déficits, l’hôpital est en pleine révolution. Sa relation aux territoires est au cœur du débat. Un nouveau paradigme architectural générique est à l’œuvre, où la flexibilité est le maître mot. L’allongement de la durée de vie quant à lui, avec son cortège de maladies dégénératives, amène au développement de programmes pour l’hébergement de personnes âgées dépendantes. Autant de situations qui posent la question cruciale du financement des équipements dans notre système de santé.
De la nature sauvage au paysage thérapeutique
par Susanne Stacher
Si, au XVIIIe siècle, la notion de sublime a pu transformer notre lecture du paysage montagneux, souvent inquiétant, la dimension santé a envahi les territoires alpestres au XIXe. 1889, millésime de la tour Eiffel, est aussi l’année de l’ouverture du premier sanatorium en montagne, à Davos en Suisse. Une typologie architecturale qui inspirera à Thomas Mann son roman La Montagne magique. Héliotropisme et naturisme sont alors en vogue dans les Alpes germanophones, jusqu’aux rives des lacs italiens. Les Français ne seront pas en reste, avec les expérimentations du plateau d’Assy jusqu’au “solarium tournant” d’Aix-les-Bains.
Les sanatoriums 1930, une typologie à l’agonie
par Dominique Amouroux
La maltraitance infligée au patrimoine du XXe siècle atteint son paroxysme avec les sanatoriums qui semblent concentrer toutes les difficultés : taille des constructions, disposition très spécialisée des espaces intérieurs, situation géographique le plus souvent excentrée, mémoire collective douloureuse. Ils constituent pourtant des icônes des progrès convergents de la médecine de masse et de l’architecture moderne et témoignent d’un moment de l’histoire d’un nombre considérable d’individus.
Des lieux sains pour un corps sain
par Catherine Clarisse
La conception des lieux de vie a de multiples incidences sur la santé : infrastructures de transport, gestion de l’eau, traitement des déchets, matériaux et modes de construction, ensoleillement, protection contre le bruit et les ondes, mais aussi accès aux soins et aux services. Sans oublier une alimentation saine et une pratique sportive simple et régulière pour lutter notamment contre l’obésité. Comme le disait Charlotte Perriand : tout est lié.
La psychiatrie dans le laboratoire de l’architecture
par Donato Severo
Sortie du schéma pavillonnaire du XIXe siècle, l’architecture hospitalière a beaucoup expérimenté au xxe siècle. Dans l’équation budgétaire à résoudre aujourd’hui, la modernisation des équipements de santé amène à reformuler une pensée croisant la triple question technique, spatiale et sociale. Dans ce contexte, un soin particulier est à apporter à l’architecture au service de la psychiatrie, dont l’Oms a diagnostiqué qu’elle couvrait la moitié des pathologies les plus importantes de notre monde contemporain.
L’hôpital face à l’obsolescence
par Christine Desmoulins
Abandon ou reconversion ? L’Hôtel-Dieu, Bichat et Beaujon sont trois sites emblématiques des mutations en cours dans le domaine hospitalier à l’échelle du Grand Paris. Autant d’enjeux urbains et patrimoniaux. Dans ce débat entre obsolescence et efficience, c’est toute la configuration des grands équipements de santé qui se dessine.
Le bâtiment commode, une déclinaison du “monospace”
par François Lamarre
S’affirmant par sa grande compacité, le bâtiment Gustave-Julliard, nouveau venu sur le site des Hôpitaux universitaires de Genève, n’impose pas pour autant un bloc massif en pleine ville. Supporté par un socle transparent, percé de loggias, l’équipement de 364 lits, fruit d’une collaboration franco-suisse, s’ouvre sur la ville et crée un espace public.
Maison et dépendance
par Jean-François Pousse
La vieillesse ne saurait être une maladie, mais il faut l’accompagner. En Normandie, sur la petite commune d’Harcourt, une résidence EHPAD de 214 lits inscrit subtilement le mot “hospitalité” dans une architecture à structure bois pour mieux lutter contre la dépendance. Un projet à la fois unitaire et fragmenté, conçu par Brossy & associés. Une autre façon de voir ce qu’on appelait avant une “maison de retraite”, par une approche résolument humaniste.
L'ENTRETIEN
OLIVIER MONGIN
“Avec la mondialisation, les flux sont plus forts que les lieux”
propos recueillis par Francis Rambert
Il ne fabrique pas la ville, il l’analyse. Essayiste, il est aussi urbaniste à sa manière. Olivier Mongin, qui a dirigé la revue Esprit pendant 24 ans, continue à s’interroger sur les ressorts de l’urbanité et de la démocratie. On avait vu l’auteur de Vers la troisième ville ? et de La Condition urbaine nous plonger d’un coup dans La Ville des flux en 2013. Il s’intéresse aujourd’hui au mouvement des villes face au rôle des États. Toujours fasciné par Rogelio Salmona, son modèle, il aime à replacer sur la scène contemporaine Leon Battista Alberti, figure humaniste de la Renaissance, afin de mieux comprendre les phénomènes d’aujourd’hui.
L'ESPACE CRITIQUE
Tendance
Hérisson ou renard ? Retour sur une classification bancale et impertinente
par Richard Scoffier
Quels sont les architectes qui construisent pierre à pierre une stratégie éprouvée et efficace ? Et ceux qui, au contraire, restent en quête de nouvelles tactiques, de nouveaux modes opératoires, de nouveaux processus de création ? Il est temps de revisiter cette classification tirée d’un bestiaire littéraire qui pose autant de problèmes qu’elle en résout, mais qui permet un autre regard sur les démarches contemporaines…
Tout juste
par Philippe Trétiack
Nouvelle localisation, nouvelle architecture. En quittant l’île de la Cité pour la porte de Clichy, le nouveau tribunal de grande instance de Paris a changé d’envergure. Il s’impose comme une tour métropolitaine de 160 mètres de hauteur accrochée au boulevard périphérique, en fond de perspective du parc Clichy-Batignolles. Une tour conçue par le Renzo Piano Building Workshop qui évite de faire bloc pour développer des terrasses plantées. L’idée maîtresse était d’ouvrir le tribunal sur la ville. Dès lors, un débat s’amorce : aéroport, hôpital, centre commercial ou palais de justice ? Les codes semblent cassés.
• Tribunal de Paris, avenue de la Porte de Clichy, Paris 17e. Maîtrise d’œuvre : Renzo Piano Building Workshop (Bernard Plattner arch. chef de projet) ; Calendrier : concours fin 2011, livraison été 2017, ouverture avril 2018. Montant des travaux : 495 M€ TTC.
À l’école de la reconquête
par Francis Rambert
À Barcelone comme à Bergen, le propos était pour Carme Pinós et Snøhetta d’installer une école d’art. Au-delà des différences architecturales et de la confrontation des matières, il y a là un dialogue Nord-Sud sur une même ligne : faire entrer la ville dans le bâtiment. Dans une ex-zone industrielle en Norvège ou dans un délaissé urbain en Espagne, l’enjeu était de participer à la transformation de la métropole.
• Faculté d’art, de musique et de design (KMD), Møllendalsveien, Bergen. Maîtrise d’œuvre : agence Snøhetta. Surface : 14 800 m2. Calendrier : concours 2005, livraison 2017. Montant des travaux : 100 M€ (estimation 2015).
• École d’art et de design Massana, Plaza de la Gardunya, Barcelone. Maîtrise d’œuvre : Estudio Carme Pinós. Surface : 11000 m2. Calendrier : concours 2006, livraison 2017. Montant des travaux (mobilier compris) : 11 M€.
Bawa, le souffle de la tradition vernaculaire
par Serge Santelli
Après avoir commencé son parcours comme avocat, Geoffrey Bawa a bifurqué vers l’architecture. Formé à l’Architectural Association de Londres, celui qui est devenu une grande figure de la culture sri lankaise a très vite mis le cap sur le modernisme tropical. Son engagement pour une forme de régionalisme plaide alors pour une architecture du contexte. Une position qui a rayonné dans toute l’Asie du Sud-Est, où son œuvre fait référence.
Nourris au lait de l’expérimentation
par Jean-Pierre Le Dantec
Évidemment provocatrice, passablement suggestive, l’irruption d’une “crèche sauvage” biomorphique dans l’enceinte de l’École des beaux-arts après 1968 reflète bien, à sa petite échelle naïve, l’air du temps avide de prospective.
Expérimenter l’utopie in situ
par René Dottelonde
Pluridisciplinarité, autonomie, ouverture au public… C’est sur ces trois grands principes fixés par la loi Faure de novembre 1968 que sera lancé le projet d’une université expérimentale pour 8000 étudiants, dans le sillage des événements de Mai 68. René Dottelonde et Jean Prouvé vont alors concrétiser cette vision avant gardiste sur le site de Bron-Parilly, dans la périphérie est de Lyon. Les premiers étudiants feront leur rentrée en 1971 à “Lyon 2”, la faculté des lettres et sciences humaines. Retour sur une expérience unique et des conditions de fabrication assez épiques. Toute une époque !
Resserrer les liens entre école et agence ?
par Guy Lambert
À l’heure où la Cité de l’architecture et du patrimoine porte un regard appuyé sur l’époque 1968 avec une exposition et un colloque, tous deux sous l’angle de l’enseignement de l’architecture, plusieurs publications posent la question de la formation des architectes. Entre pédagogie et pratique, le débat est rouvert. Analyse.
• Cahiers Ramau, n° 9, 2018, sous la dir. Claude Cohen et Laurent Devisme : “L’architecture et l’urbanisme. Au miroir des formations”.
• Programme HEnsA20
• Jean-Philippe Garric, Marie-Laure Crosnier Leconte (dir.), L’École de Percier. Imaginer et bâtir le XIXe siècle, Paris, Mare & Martin, 2017.
• Hélène Vacher, André Guillerme, L’Essor de l’École Eyrolles au XXe siècle. Technologies, professions et territoires, Paris, Classiques Garnier, 2017.
• Tony Côme, L’Institut de l’environnement, une école décloisonnée. Urbanisme, architecture, design, communication, Paris, B42, 2017,
Max Bill, le chercheur d’espace
par Emmanuelle Graffin
Architecte et designer, mais pas seulement. Passé par le Bauhaus, influencé par Klee et Kandinsky, l’artiste suisse s’est exprimé dans différents domaines complémentaires. Adepte de l’art concret et tenant d’une ligne minimale et économe, à l’image de l’école de design d’Ulm, dont il fut le concepteur et recteur, Max Bill a développé une pensée spatiale. Le livre de Roberto Fabbri nous donne les clés de lecture de cette œuvre couronnée par le Praemium Imperiale en 1993.
• Roberto Fabbri, Max Bill. Espaces. coll. Archigraphy poche, Gollion, Infolio, 2017.
En prise avec le réel
par Vincent Borie
Nous ne sommes pas là dans l’univers de la théorie sur l’architecture mais bien au cœur de la pratique de la discipline. L’ouvrage Profession architecte s’enfonce dans la jungle de l’environnement professionnel pour donner conseils et avis en ouvrant sur des sujets très pragmatiques, du mode d’exercice aux contrats en passant par la relation à la maîtrise d’ouvrage ou la stratégie économique du projet. Et si on parlait métier ?
• Isabelle Chesneau (dir.), Profession architecte. Identité, responsabilité, contrats, règles, agence, économie, chantier, Paris, Eyrolles, 2018.
Local versus global ? Deux documentaires en prise sur un contraste
par Rémi Guinard
D’aucuns diront que c’est le jour et la nuit. Deux films nous ouvrent la voie sur deux démarches antinomiques en Europe. Tandis que le cinéaste français Dominique Marchais s’intéresse à des solutions alternatives dans Nul homme n’est une île, le réalisateur danois Kaspar Astrup Schröder brosse, dans Big Time, le portrait d’une star internationale. Zoom sur l’architecture à toutes les échelles.
• Nul homme n’est une île, documentaire de Dominique Marchais (France, 2017, 96 min).
• Big Time. Dans la tête de Bjarke Ingels, documentaire de Kaspar Astrup Schröder, (Danemark, 2017, 93 min).