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La matière, un outil de suspension des dynamiques en cours ?<br/><br/>Est-il besoin de rappeler le défi que représente la crise écologique, tant il est immense ? Les ressources non renouvelables sont remises en question. La matière également, surtout lorsqu’elle se transforme en architecture. La matière locale, naturelle et renouvelable et le savoir-faire vernaculaire ouvrent un large champ qui amène la discipline à s’interroger. Mais quel serait alors le nouveau langage de l’architecture ?<br/><br/>Vers plus de matière vivante<br/><br/>Croiser la matière et l’histoire peut amener à redécouvrir des techniques anciennes et à revisiter les matériaux bio- et géosourcés. Quels seraient alors les archétypes contemporains de cette matérialité qui rime parfois avec rusticité ?<br/><br/>Matière sensible<br/><br/>La redécouverte de la dimension matérielle de l’architecture nous ramène entre autres sur les traces d’un Alvar Aalto qui pensait son projet en fonction des propriétés des matériaux, ou bien d’un Hassan Fathy qui a su réinventer le vernaculaire. Mais aujourd’hui les regards se tournent vers d’autres architectes, comme Glenn Murcutt, Francis Kéré ou Wang Shu, dont le travail ne saurait faire abstraction ni de la culture ni du climat.<br/><br/>Entre régionalisme et rationalisme<br/>Tandis que des photographes s’attachent à documenter l’architecture vernaculaire en France et à constituer un atlas des régions naturelles, on sent poindre un renouveau du régionalisme critique, 30 ans après la publication du fameux texte de Kenneth Frampton. Parallèlement se développe une attitude éthique consistant à ne pas faire de dégâts, voire à les réparer. Conjuguant écologie et esthétique, il semble que la vérité constructive reste une valeur sûre.<br/><br/>La cohérence de la perte et ses conséquences : des mensonges<br/><br/>À la lumière du travail d’Álvaro Siza et d’Eduardo Souto de Moura, la matérialité prend une dimension particulière. Une lecture riche en correspondances qui nous emmène de Porto, bien sûr, à Saint-Jacques-de-Compostelle en passant par Clermont-Ferrand. Avec un détour par Machu Picchu, pierre oblige.<br/><br/>Socle, corps et couronnement<br/>trinité de l’architecture classique ressurgit dans la maison de retraite qu’AUM a réalisée à Lyon pour la congrégation des Petites Sœurs des pauvres. Sur les trois ailes du bâtiment, le socle est fait de pierre à la rusticité raffinée, le corps principal présente deux mises en œuvre d’un béton blanc et le couronnement se distingue de l’ensemble par le gris soutenu de son béton comme par le rythme singulier de son percement.<br/><br/>High-tech, la pierre ?<br/><br/>L’histoire est intimement géographique. L’un comme l’autre ont “rencontré” la pierre sur les routes de la Provence rhodanienne. Depuis Fontvieille, aux portes des Alpilles, jusqu’au Luberon, les routes convergent avant de se séparer. L’un est Gilles Perraudin. L’autre Carl Fredrik Svenstedt. Le premier a réhabilité la pierre. Le second tente des usages nouveaux. À eux deux, ils bouclent la boucle.<br/><br/>Influences et transferts<br/><br/>Art, mode, industrie… Indissociable d’une esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à la fonction des objets, la matérialité vit sa vie dans de multiples domaines. La texture n’est pas qu’une affaire de textile, elle joue sur la perception de l’objet comme de l’espace. La voie de l’expérimentation est ainsi ouverte.<br/><br/>La ruralité comme matière profonde<br/><br/>Au cœur du Limousin, à Bellac, l’échelle du village a été choisie par des écoles d’architecture parisiennes pour faire travailler des étudiants sur le passage de la conception à la réalisation. Basé sur le diptyque co-conception écosystémique / co-construction écologique, cet atelier rural travaille sur le biosourcé et la relation au territoire. |